L’objectif assigné à Luis Enrique par la direction du PSG quand il est arrivé n’est un secret pour personne : gagner la ligue des champions. Ce qu’il a apporté de spécifique, c’est sa vision sur la façon d’y arriver : le collectif au service d’un schéma de jeu minutieux où chacun a un rôle très précis. Il a pendant 2 ans patiemment mis en place ses principes en les expliquant avec conviction à ses joueurs, séance après séance. Et il a aussi su décliner sa vision global en actions spécifiques à chaque match, transformer le quoi en comment pour s’adapter à chaque situation.
Quels apprentissages pour les managers ?
- La vision n’est pas seulement réservée aux dirigeants. Tout manager peut en faire une déclinaison à son niveau. C’est un puissant facteur de mobilisation de son équipe.
- Le leadership d’un manager s’ancre aussi au niveau opérationnel dans sa capacité à organiser et adapter le travail de l’équipe pour rester efficients.
S’il est vrai que le club de football du Paris-Saint-Germain a gagné après les départs de ses « superstars », il est faux de dire qu’il n’y a plus de stars dans l’équipe. La grande majorité des joueurs jouent pour leur équipe nationale, et plusieurs sont champions du monde ou d’Europe avec leur pays. C’est une équipe de grands joueurs, très forts techniquement, chacun à leur poste. Ce qu’il y a de spécifique dans cette équipe, c’est qu’ils sont tous tournés vers le collectif, totalement engagés dans leur rôle en laissant leur égo de côté.
Quels apprentissages pour les managers ?
- Une équipe est riche de ses individualités. Un manager doit faire en sorte de bien connaître les compétences de chacun de ses collaborateurs, de bien les exploiter et de reconnaître chacun en fonction de ses besoins pour qu’il se sente valorisé.
- Les égos mal placés sont souvent un frein à la performance collective. A ce niveau, le premier rôle d’un manager est de mettre toujours en avant le collectif et d’inciter chacun à penser performance collective.
Le courage managérial de Luis Enrique s’est exprimé dans sa communication à la fois vis-à-vis de son équipe et de l’extérieur. En interne, Il a dit clairement aux joueurs ce qu’il souhaitait et n’a pas craint de « recadrer » les joueurs, y compris les meilleurs, qui ne suivaient pas ses consignes. En communication vers l’extérieur il a affirmé ses choix et il a protégé son groupe en assumant les « échecs » qui ont jalonné le chemin.
Quels apprentissages pour les managers ?
- Une fois qu’un cadre est partagé et compris par tous, le rôle d’un manager est de le faire respecter, en le rappelant de façon assertive mais ferme si besoin.
- Personne n’est au-dessus de l’équipe, quel que soit ses compétences. Déroger au cadre commun pour satisfaire ou protéger un membre de l’équipe créera toujours plus de problèmes que ça n’apportera de bénéfices.
Ce collectif respire l’esprit d’équipe. Il est difficile d’identifier un joueur qui soit au-dessus des autres sur la durée. D’un match à l’autre, ce sont des joueurs différents qui ressortent. Tous les joueurs semblent impliqués dans le projet. L’équipe mise en place est un savant dosage de jeunes joueurs en devenir et de joueurs confirmés. Luis Enrique a su en faire un collectif solidaire. Il a fait beaucoup tourner les joueurs en fonction des matchs pour tous les impliquer, sans se soucier des statuts des uns ou des autres. Il a fait confiance aux jeunes en leur donnant des responsabilités, en leur accordant le droit à l’erreur et en les protégeant en cas de contre-performance. Il a responsabilisé les joueurs les plus expérimentés afin qu’ils donnent l’exemple.
Quels apprentissages pour les managers ?
- Pour qu’un membre de son équipe progresse et s’engage, il faut l’impliquer en lui confiant des responsabilités en phase avec ses compétences. Et considérer l’erreur comme une source d’apprentissage.
- Personne ne s’épanouit dans la critique. C’est au contraire une source majeure de démotivation. Pour favoriser l’investissement de chacun dans le projet commun, il faut régulièrement encourager et féliciter ses collaborateurs.
Jouer au PSG, c’est avoir la pression du résultat (l’objectif en début de saison est de tout gagner !), être sous le feu des projecteurs, voir sa performance analysée à chaque match. Là où les équipes précédentes du PSG ont pu craquer dans des matchs tendus et indécis, cette équipe a depuis quelques mois fait preuve d’une grande stabilité émotionnelle même sous la pression, de façon remarquable compte tenu de sa jeunesse. Ils ont ainsi réussi à ne pas s’affoler et à garder leur structure de jeu quand leurs adversaires avant des phases de domination intense (un match est toujours fait pour chaque équipe de temps forts et de temps faibles). Difficile de ne pas y voir la patte de leur entraineur.
Quels apprentissages pour les managers ?
- La posture et l’attitude du manager rejaillit toujours d’une façon ou d’une autre sur son équipe. Cela peut apporter de la confiance ou du doute, de la sérénité ou du stress.
- L’intelligence émotionnelle, qui consiste à reconnaitre, comprendre et gérer ses propres émotions ainsi que celles des autres, est un puissant levier managérial.
Luis Enrique est un fort caractère qui porte des convictions fortes. Le décryptage du fonctionnement qu’il a mis en place montre qu’au-delà de sa personnalité, il a su s’appuyer sur des fondamentaux managériaux pour mener son équipe à la victoire dans la plus belle compétition de club. Les leçons managériales de Luis Enrique sont un encouragement pour tout manager et dirigeant. Alors, prêts à gagner votre Champion’s League avec votre équipe ?