Inutile de chercher très loin pour être un mauvais manager, il est très facile en tant que manager d’installer la défiance. Par exemple, restez dans ou derrière votre bureau. Faites en sorte que les collaborateurs n’aient jamais accès à vous ; qu’ils ne sachent pas ce que vous faites ; qu’ils aient peu d’informations.
Une autre excellente idée pour rater votre management, c’est de dénigrer ou faire circuler des rumeurs sur un ou des collaborateurs, sur un projet, ou sur les intentions de la direction. Tout le monde va se poser des questions auxquelles bien entendu il n’y aura pas de réponse. Laissez bien planner les rumeurs et vous verrez en très peu de temps une ambiance pesante s’installer.
Autre levier de la défiance notamment en période de changement, ne donnez aucune information ! Rien de mieux pour inquiéter les collaborateurs et casser la confiance qu’ils pourraient avoir en leur organisation.
Enfin le top pour casser la confiance, soyez injuste ! une bonne injustice bien ciblée et c’est parti pour des mois de défiance, mais attention, soyez malin… surtout pas d’acharnement pour ne pas être taxé d’harceleur ; il faut que vous puissiez agir sur le long terme ! sinon ce n’est pas drôle.
S’il y a bien une chose efficace pour rater merveilleusement son management d’équipe, c’est de ne pas gérer les conflits qui surviennent, voire de les créer ! il y a plusieurs manières de générer des conflits.
Mentir par exemple, un bon vrai mensonge. Mentez sur les actions d’un des collaborateurs, mentez sur des dire, mentez sur des faits, cela marche toujours très bien.
L’omission ce n’est pas mal non plus. Oublier de dire quelque chose d’important qui pourrait apporter de la clarté sur la réalisation d’une activité de l’un des collaborateurs mettra tout le monde dans le flou et l’incompréhension et devrait si tout se passe bien générer un conflit. Et si l’on vous demande des explications surtout n’en donnez aucune.
Faire du favoritisme peut activer également le conflit entre les collaborateurs. Il vous suffit de reconnaitre les compétences d’une ou deux personnes, toujours les mêmes, et de ne reconnaitre que les erreurs des autres, ou bien de ne rien reconnaitre du tout chez eux. Aucun feedback, ni positif bien sûr, ni même sur des choses qui pourraient être mieux faites ou sur des erreurs. N’hésitez pas aussi à mettre en avant les personnes que vous favorisez, par exemple en réunion devant tout le monde. Et insistez bien. Il faut que cela se voit, sinon aucun intérêt.
En cas de situations tendues entre des collaborateurs, faites en sorte de ne pas intervenir, laissez-les se débrouiller ; et si vraiment vous devez intervenir lors d’un conflit, n’hésitez pas à porter un jugement !
Soyez cruel(le). Restez focus résultats, ne vous embêtez pas avec les états d’âme des uns et des autres. L’un a des problèmes de garde d’enfants, et alors ! L’autre subit régulièrement la grève des transports, c’est son problème ! L’époux de celle-ci a une maladie grave, qu’est-ce que vous y pouvez ? Celui-là a besoin d’aide sur une activité, qu’il se débrouille. Vous n’avez pas de temps à perdre, tout le monde au boulot ! Et qu’on ne vienne pas vous demander de la compréhension, vous êtes là pour faire avancer la machine, avec des résultats à la clé.
Et puis ne craignez pas de recadrer vertement les dérives qui pourraient apparaitre. Une bonne claque verbale n’a jamais fait de mal à personne et d’ailleurs vous-même en avez subies et vous êtes toujours là.
Une autre idée : lorsque vous recevez un collaborateur pour un recadrage, n’hésitez pas être manipulateur et à lui demander tout de suite : « tu sais pourquoi tu es là … ? ». Et laissez-le mijoter. S’il ne répond pas, insistez : « si tu ne sais pas, c’est grave ! ». En principe il devrait être très mal à l’aise, et c’est à ce moment que vous pouvez envoyer votre claque verbale. Ça fait son petit effet ; le collaborateur n’est pas près de recommencer. Et votre médaille d’or de mauvais manager est toute proche.
On parle de plus en plus de communication responsable… de communication bienveillante… au secours ! On se croirait dans le monde des bisounours. Et d’ailleurs lorsqu’on donne des ordres, c’est de la communication, pas la peine de mettre de l’enrobage, de la forme, alors qu’il suffit d’être direct. Au moins tout le monde comprend et c’est bien ce qui est attendu. Que le message soit compris et qu’il soit suivi d’effet.
Plus de machine à café, plus de pause croissants ou de fête d’anniversaire, de déjeuner d’équipe, le boulot ce n’est pas le Club Med. Quel intérêt de faire de l’informel à part faire perdre du temps à blablater au lieu de travailler. Et puis les collaborateurs n’ont pas besoin de créer du lien entre eux, ils risquent de se perdre dans ces dérives qui n’ont rien à voir avec le boulot. Chacun sait ce qu’il a à faire et doit être concentré sur son activité.
Et si vous voulez vraiment être le pire manager, ne donnez pas de sens à ce que vous demandez à vos collaborateurs. Ils sont là pour faire, pas pour comprendre.
Vous pouvez aussi communiquer le moins possible sur les informations transmises par la direction. Ne dites rien non plus sur les compétences des uns et des autres, vos collaborateurs devront alors systématiquement passer par vous pour avancer sur leurs projets et ainsi vous garderez le contrôle sur leurs activités.
Ne faites surtout pas d’inclusion lorsque vous recevez un nouveau collaborateur, laissez-le découvrir seul son activité, et demandez à vos collaborateurs de ne pas l’aider pour vérifier son vrai niveau de compétence.
Avec tout cela, vous devriez créer une ambiance de travail ou plus personne ne va communiquer !
Oubliez le SMART, revenez au FUITE (Flou, Ubuesque, Inutile, Terrorisant, Exsangue) ! On vous a bassiné avec les objectifs SMART, maintenant ce qui fonctionne pour être le pire manager ce sont les objectifs FUITE, pas assez connus !
Tout d’abord, il faut que les objectifs soient FLOUS. Pour cela donnez un vague cadre et répondez toujours à côté quand on vous pose des questions. Vous pouvez utiliser sans modération le fameux « si tu ne comprends pas, c’est grave ! ».
UBUESQUE, cela veut dire qui n’a pas de sens, ou totalement à l’encontre de tout bon sens. C’est bien connu cela ne peut que développer la créativité, puisqu’il va falloir que le collaborateur trouve de lui-même à quoi cela va servir. Et il a intérêt à trouver… sinon… c’est la porte.
Si le collaborateur se sent INUTILE, vous avez presque gagné. Ce que vous voulez, ce sont de bons petits soldats qui fassent ce que vous leur demandez, et qu’ils n’aient pas à se poser de question. Si vous leur demandez d’effectuer une tâche, c’est forcément qu’elle est utile ! inutile qu’ils sachent en quoi c’est utile, le but c’est qu’il bosse !
TERRORISANT : plus les collaborateurs ont peurs, plus ils ont de résultats, c’est bien connu. Je l’ai entendu de la bouche d’une manager, « il faut que les collaborateurs craignent leur manager » … ah quelle belle parole !
EXSANGUE : Faites en sorte que vos collaborateurs soient sans énergie, qu’ils soient vidés de leurs envies, vous ne pourrez que mieux les contrôler. Y compris si leur périmètre ne sont pas bien définis pour eux, après tout c’est vous qui décidez et c’est vous qui êtes aux manettes. Mais attention, n’en faites pas des zombies non plus, il faut qu’ils continuent à travailler.
Contrôlez tout et tout le temps. Convoquez à tout moment vos collaborateurs pour vérifier où ils en sont. Mettez-leur la pression pour qu’ils fassent exactement comme vous auriez effectué la tâche vous-même. Et cela quelle que soit leur niveau de compétence. TOUT doit être contrôlé y compris avec les meilleurs, la confiance n’exclue pas le contrôle n’est-ce pas ?
Ne déléguez que ce que vous n’aimez pas, et/ou ce qui n’a pas ou peu d’enjeu et vérifiez, vérifiez et revérifiez pour être certain de la bonne exécution de la tâche.
Avec tout cela, vous êtes le roi du monde et vous obtenez à coup sûr la médaille d’or du pire manager, vous avez gagné !! … mais serez bientôt tout seul…
Mais tout cela n’est-il que pire fiction et n’arrive-t-il jamais ?
Même sans être un mauvais manager, avec la meilleure volonté du monde, quand nous sommes sous la pression du temps, des objectifs, de la stratégie, de la concurrence, nous pouvons aussi tomber dans l’un de ces travers.
Ce qui est intéressant, c’est de se poser et de regarder comment parfois, nous-mêmes, nous pouvons risquer de nous trouver dans ces types de comportement, sans mauvaise intention, juste parce que l’on veut « avancer ».
Nous avons déjà vu, dans nos pratiques de coaching ou en animation de formation, des managers nous dire « mais c’est vrai que parfois, je fais ça, je suis dans le contrôle, ou je n’écoute pas, ou je manque d’empathie… » ce qui est important, c’est de s’en rendre compte, de prendre de la hauteur et définir comment on peut faire autrement. C’est en regardant ses forces et aussi ses travers que l’on peut progresser, et effectuer de réels changements de posture, qui nous permettront de développer notre leadership, gagner en efficacité et nous entourer d’une équipe motivée et engagée.
Nous vous proposons de revisiter vos pratiques et de regarder légèrement en arrière pour identifer les pratiques qui vous servent… et celles qui ne vous servent pas 😊
Et bien sûr toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence !