Faire avec, plutôt que lutter contre

Réussir à faire travailler les différentes générations ensemble est un enjeu capital.

Halte aux aprioris

“Notre jeunesse se moque de l’autorité et n’a aucun respect pour les anciens. Les enfants d’aujourd’hui ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce. Ils répondent à leurs parents. Ce sont des tyrans”.

Unsplash. Photo Anana Dianenko

Quel est l’auteur de cette phrase ? La trouvez-vous d’actualité ?

Et bien sachez qu’elle est attribuée à Socrate ! C’est pour vous montrer que depuis la nuit des temps, la génération en place a toujours jugé celle qui arrivait. Pour nous, au lieu d’opposer les générations, de les critiquer systématiquement, il est plus efficace de “faire avec elles”, avec les qualités de chacune “plutôt que de lutter contre” en bloc. Cette génération, qu’on qualifie de droits plutôt que de devoirs, n’est que la résultante de l’éducation donnée par les parents et d’une révolution digitale qui les inonde. 

Réussir à faire travailler les différentes générations ensemble est un enjeu capital pour les entreprises qui veulent réussir.

Le terme “intergénérationnel” apparaît pour la première fois en 1928, dans les travaux du sociologue marxiste Karl Mannheim. Ce mot signifie “qui est entre les générations, entre des couches d’âges différentes”. L’existence de spécificités dans la relation des différentes générations avec le travail n’est pas prouvée. Nous sommes plus dans l’ordre d’opinions, de perceptions, d’aprioris plutôt que de faits. Chaque personne est bien plus qu’un simple membre d’une génération ; elle a ses singularités. 

Il est aisé de considérer ces générations volages, comme zappeuses, insouciantes, inconséquentes… A l’inverse, regardons quel monde du travail leur est proposé : chômage, embauches précaires, burn-out, politique parfois véreuse, sociétés qui licencient sans ménagement leurs parents !

Nous préférons, de notre côté, regarder ces jeunes avec bienveillance

Nous prônons en effet avec les jeunes de la bienveillance afin de transformer ce qui peut sembler des contraintes en opportunités, de dépasser les préjugés, les stéréotypes, les croyances. Capitaliser sur les talents de chacun au lieu de ne voir que des défauts générationnels. 

Cette génération n’a pas spécialement de difficultés de concentration, contrairement aux paroles entendues régulièrement dans la bouche de managers que nous accompagnons, les Millennials – ceux qui ont grandi dans les années 2000 – ont juste pris l’habitude de faire plusieurs choses en parallèle, ils passent aisément d’un outil à un autre : de l’ordinateur à leur téléphone comme d’un projet à un autre. Ils pourraient tout aussi bien être perçus comme des collaborateurs capables de varier les tâches, les missions et sachant travailler sur plusieurs projets en même temps. Ils se montrent ainsi plus agiles que d’autres collaborateurs. N’est-ce pas ce qui est souhaité par l’entreprise d’aujourd’hui ?

Les jeunes se projettent rarement au-delà de 3 ans sur un même poste, ce qui est finalement logique dans notre société actuelle où la culture du changement devient la norme.  Les entreprises ont tout intérêt à intégrer que le Turn-over est normal et anticiper le transfert de compétences. Elles peuvent aussi mettre en place les conditions pour faciliter des évolutions de poste en pensant autrement qu’en niveau hiérarchique et en valorisant davantage les compétences transversales.

Nous invitons nos clients à mieux vivre l’irréversible. Et là aussi, attention aux dérives de pensée… Par exemple, ce n’est pas parce que quelqu’un change de poste souvent qu’il est forcément “infidèle” et “désengagé”. Il a juste besoin de nouveaux challenges, de progresser plus vite, d’avoir des horaires plus souples pour exercer sa passion en toute liberté, etc.

Autre croyance persistante : “quand on est jeune, on doit se taire et apprendre les bases du métier et ensuite seulement on pourra donner éventuellement son avis…”. Cette vision des choses est fortement passéiste. Nous avons habitué les jeunes à argumenter, échanger et partager leurs opinions depuis leur plus jeune âge. N’oublions pas les pratiques d’éducation parentales qu’ils ont vécues et combien elles ont favorisé l’écoute de l’enfant et poussé à se réaliser pleinement. 

A l’école, ils ont appris à comprendre ensemble, à réfléchir collectivement, à résoudre des problématiques en groupe. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas donner leurs idées dès leur arrivée dans une société et échanger avec les uns et les autres. Les entreprises ne doivent pas faire patienter trop longtemps ces jeunes pour les écouter, sinon ils se tourneront vers des structures qui, elles, trouvent utiles leurs idées. 

Le rapport à l’autorité, les codes vis-à-vis de la hiérarchie ont énormément changé. Il est fini le temps où parce qu’un boss dit quelque chose, le jeune collaborateur va suivre l’ordre sans comprendre ! Les managers sont aussi vus comme des ressources, des facilitateurs pour créer une ambiance favorable au collaboratif et à l’innovation. Des postures à retravailler pour certains…

Impossible de ne pas évoquer les deux séries “The Office”, qu’on soit adepte de la version anglaise avec le grand Ricky Gervais ou la version américaine avec le fabuleux Steve Carrel, cette comédie présente avec brio les caricatures du quotidien des employés de bureau d’une entreprise de vente de papier par le biais d’un faux documentaire. Découvrez la vie du fantasque manager Dunder Miffin et de ses équipes !

The Office crée par Ricky Gervais et Stephen Merchant

Cet article est un extrait de notre Livre blanc :
10 idées sur le management inspirées par les jeunes (Nouveauté 2018)