Sortir du triangle… des Bermudes grâce à une meilleure analyse de Karpman

Des personnes se retrouvent dans leur vie professionnelle dans des situations bien connues en management qui s’assimile au triangle de Karpman.

En formation ou en coaching, je rencontre de plus en plus de personnes qui se retrouvent, dans leur vie professionnelle dans des situations bien connues en management qui s’assimile au triangle dramatique de Karpman. Comment le reconnaître ? Comment l’analyser ? Et comment en sortir ?

Sortir-du-triangle

Qu’est-ce que le triangle de Karpman ?

Dans les contes de notre enfance, il y avait la gentille princesse, le beau chevalier ou prince charmant et le méchant. Dans la réalité, nous retrouvons aisément ces 3 postures, et ce aussi bien dans les familles qu’au cœur des entreprises. Transposé à la vie professionnelle, nous allons souvent retrouver :

La Victime agit comme si elle avait moins de valeur que les autres. Elle peut même amplifier ses points de faiblesse pour appeler à l’aide les Sauveteurs.

Le Persécuteur ou bourreau agit comme s’il se sentait supérieur aux autres. Il dévalorise, critique ou attaque de façon directe ou plus insidieuse.

Le Sauveteur ou sauveur agit comme si son aide était indispensable même s’il n’a pas été sollicité. Il peut rendre les autres dépendants de lui et passifs. Lassé, il peut basculer à son tour en Persécuteur.

En fait, ce système à trois représentations est un modèle simple et puissant à la fois issu de l’analyse transactionnelle qui permet de comprendre le dysfonctionnement entre des personnes.

Le triangle de Karpman est un outil efficace en management.

De multiples situations allant du simple différend relationnel au conflit profond en passant par la manipulation peuvent passer au travers de ce prisme. Le triangle de Karpman est un outil qui sert à repérer ce qui se joue mais aussi à prévenir ou à traiter les jeux psychologiques qui ont pu se mettre en place au sein d’une équipe.

Bien évidemment, ces 3 comportements de Victime, de Persécuteur et de Sauveteur sont aussi inefficaces l’un que l’autre ! Et ce qui est intéressant c’est qu’une seule et même personne peut naviguer entre ces 3 comportements selon les circonstances. Comme quoi, il n’est pas question ici de lapersonnalité de quelqu’un mais juste d’un comportement adopté. Chacun d’entre nous, en fonction de sa propre histoire, a cependant une préférence à tenir tel ou tel rôle.

Pour autant, même si nous sommes conscients d’être dans l’une de ces trois postures, nous « replongeons » dans notre rôle préféré quand, face à nous, quelqu’un « nous donne la réplique » pour prolonger le triangle dramatique ! Et là ; ça peut être difficile d’en sortir car chacun s’auto-alimente de ce que lui dit l’autre !

Un exemple…

Alors que l’entreprise libérée, les leaderships models, l’agilité, l’autonomie sont au cœur de bon nombre de discussions et de débats en entreprise et apportent un vent de renouveau vers l’épanouissement en entreprise, en parallèle il y a parfois beaucoup de souffrance relationnelle dans certaines équipes. Pourquoi ?

Les pratiques managériales de certaines sociétés sont encore archaïques et les comportements de certains managers ou collègues manquent de bienveillance.

Pour exemple, un cadre dirigeant que je coachais, voué à reprendre l’entreprise était tour à tour encensé par le Codir puis mis au pilori. Ses collègues l’enfonçaient ou le sauvaient selon les périodes, les sujets.

Si dans ce contexte sa posture de Victime est évidente, en fait, au quotidien, lui aussi pouvait être à son tour en posture de Persécuteur ou de Sauveteur. Ce qu’on appelle les « jeux psychologiques » s’enchainaient et la communication bienveillante et authentique n’était plus présente dans l’entreprise. La performance s’en ressentait…

« Les histoires d’entreprise finissent mal en général » quand ce type de relations perdure. Une personne « craque » ou est remerciée.

Comment sortir de ce triangle infernal ?

L’idée clef est d’abord de revisiter la situation au regard de ce modèle. Puis, il est essentiel de se mettre en posture adulte – selon la terminologie de l’Analyse Transactionnelle – en refusant de rester ou d’entrer soi-même dans un de ces 3 rôles.

Plus précisément, prendre du recu et se poser ces questions :

  • Ai-je bien pris conscience que si des situations comme celles-là arrivent, j’en suis co-responsable ?
  • Depuis combien de temps ça se répète ?
  • Qu’est-ce que je gagne à entrer dans ce rôle ?
  • Quel est mon objectif caché ? celui des autres ?
  • Quelle image est-ce que ça envoie de moi ?
  • Qu’est-ce que j’en attends ?
  • Qu’est-ce que je peux y perdre ?

Comment faire de la prévention ?

Enfin, plus globalement, afin d’être constructif, il s’agit de poser comme principe que la façon de se comporter de l’autre part d’une intention positive. Cependant, pour rester prudent, il est souhaitable de fixer des règles du jeu claires et d’être transparent dans ses demandes – ou non demandes. Si vraiment, ça va trop loin selon vous ; méta communiquer – c’est-à-dire communiquer sur ce qui se passe en termes de communication pour vous 2- avec l’autre peut s’avérer utile.

Et si ça ne suffit pas, il vaut mieux couper l’interaction et prendre du recul. Cela évite de rentrer dans ces jeux qui, à long terme, peuvent être très destructeurs.

Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Stephen Karpman :
https://livre.fnac.com/a10808698/Dr-Stephen-Karpman-Le-Triangle-dramatique-Comment-passer-de-la-manipulation-a-la-compassionet-au-bien-etre-relationne

Inspirations Management
Marie-Paule Le Gall