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Comprendre le biais de négativité pour mieux manager

Comprendre l’importance du biais de négativité en management
Comprendre l’importance du biais de négativité en management
Pourquoi il est important de comprendre le biais de négativité ?

Nous proposons dans cet article d’évoquer la prise en compte du biais de négativité par les managers afin de contrer ses conséquences sur la motivation des personnes.

Prendre conscience que naturellement notre cerveau adore le négatif

Vous l’avez surement constaté, parfois nous allons avoir tendance à prendre en compte plus facilement un avis négatif par rapport aux centaines d’avis positifs que nous lisons. Prenons le cas classique du choix d’un restaurant, vous allez retenir la critique d’une seule personne sur le côté bruyant de la salle, alors que bien d’autres commentaires n’ont rien dit sur la question. En entreprise, il est fréquent de retrouver le même phénomène. Notre cerveau va mémoriser ou réagir plus fortement à une critique même légère insérée dans un entretien ou une réunion plutôt qu’à tous les autres éléments partagés.

Il est prouvé scientifiquement que notre cerveau réagit plus fortement à un événement vécu comme négatif qu’à un événement ressenti de façon positive de même intensité. Ce phénomène est l’un des biais de comportements qui nous envahissent : c’est le biais de négativité.

Son origine peut sembler cocasse : le biais de négativité vient en effet d’une très ancestrale stratégie de survie, à l’époque où tout bruit suspect pouvait annoncer l’approche d’un animal sauvage, l’arrivée d’une tempête ou l’éboulement de roches, ce qui signifiait pour nos ancêtres un danger mortel. A cette époque, chaque signe « négatif » indiquait qu’il valait mieux être trop prudent que pas assez.

Aujourd’hui encore, dans la lignée de cette vigilance ancestrale, lorsque vous faites par exemple une présentation vous allez plus intensément prendre en considération la remarque sur le choix d’une couleur plutôt que le compliment sur les visuels proposés. Et lorsque qu’il s’agit interrelations, un mot maladroit peut résonner plus fort qu’un lot entier de messages de reconnaissance.

Le manager est en première ligne pour désamorcer ce fonctionnement inconscient qui pèse dans les relations professionnelles.

Le biais de négativité quand on est manager, ça donne quoi ?

Dans une équipe, le biais de négativité va être à l’œuvre à de nombreuses occasions :

  • Le biais de négativité peut être particulièrement actif quand un manager fait un feedback négatif qui, s’il est mal amené ou formulé, peut vite être considéré comme une attaque personnelle.
  • Si un collaborateur est d’une nature « sois parfait », une petite erreur va faire oublier les succès précédents et altérer la confiance en soi.
  • Une remarque sèche en réunion peut rester dans les esprits alors que vous êtes un habitué de la communication authentique et assertive.
  • Et bien que vous déployiez un leadership fort, un silence peut être interprété comme un désaveu de votre capacité à gérer une situation.

Pour le manager, cela peut créer des situations de tension ou d’incompréhension au sein de son équipe. Les conséquences du biais de négativité ne sont pas à prendre à la légère, à l’heure où l’engagement et la motivation sont plus que jamais source de performance.

Le biais de négativité a des impacts à plusieurs niveaux pour les managers :

  • Impact sur la parole du manager
    • Le biais de négativité doit inciter les managers à gérer avec soin leur prise de paroles orale et écrite. Chaque mot compte et la communication authentique est un atout important pour contrer le biais.
  • Impact du fait de l’attention sélective des collaborateurs
    • Dans un monde où les réunions s’enchainent et ou la visioconférence emplit nos journées, l’attention des collaborateurs n’est pas toujours en alerte et fait que le négatif laisse d’autant plus une trace parfois profonde.
  • Impact renforcé par la place des émotions en entreprise
    • Le biais de négativité est central quand on évoque la gestion des émotions en entreprise. Quand les différentes parties réagissent à chaud, le manager doit intervenir pour réguler le négatif et maintenir le cap.

Tout manager le sait, la qualité de la relation qu’il entretient avec ses équipes est la clé pour engager, motiver et performer. Le manager doit savoir gérer le contenu de son message et l’impact émotionnel qu’il génère.

4 leviers concrets pour tenir compte du biais de négativité dans son quotidien de manager

Voilà 4 conseils à destination des managers pour prendre en compte les biais de négativité dans les réactions de ses collaborateurs :

1. Mener des entretiens de feedback avec un bon ratio de feedbacks positifs

Les chercheurs parlent d’un ratio de 3 à 5 messages positifs pour contrebalancer 1 message négatif. Ce n’est pas du « happy management » : c’est un équilibre managérial à intégrer dans ses pratiques. Chez Inspirations Management, nous proposons des formations avec des méthodes efficaces pour faire des feedbacks. Nous allons même plus moins en proposant des feedforwards qui permettent, plutôt que de faire un feedback essentiellement en mode « rétroviseur », de se concentrer sur le futur et ce qu’on peut mettre en place pour que les situations s’améliorent. Lire notre article sur les feedforwards

2. Ritualiser les actions de reconnaissance au quotidien

La reconnaissance est un sujet vaste, qui est loin de se résume pas à une question financière. Un mail, une phrase dite en passant… Chaque signe de reconnaissance apporte du positif et participe à contrebalancer les effets des biais négatifs. Alors, sans en faire trop, les managers ont tout intérêt à ne pas laisser l’implicite s’installer et agir pour engager leurs collaborateurs. 
Lire notre article sur la reconnaissance au travail

3. Soigner la forme quand il s’agit de délivrer des messages difficiles

Les managers font face dans leur quotidien à des situations difficiles, des conflits, la gestion de de personnalités difficiles, des entretiens de recadrage, etc. Les biais de négativité sont au cœur des enjeux de ces situations. C’est en prenant du recul, en se fondant sur les faits, en préparant soigneusement leurs entretiens que les managers vont pouvoir dire les choses avec assertivité. 

4. Laisser la place à l’échange et l’écoute active

Le biais de négativité peut se désamorcer si l’on permet aux collaborateurs de mettre des mots sur leurs ressentis. En proposant des temps d’échanges centrés sur l’écoute de leurs collaborateurs, les managers vont permettre à leurs collaborateurs de s’exprimer et de confronter leurs idées. Développer la confrontation dans les organisations va développer la confiance en soi et la confiance dans l’équipe et éviter les effets néfastes des biais de négativité.

En résumé, dans un monde qui est complexe et incertain, le biais de négativité bien qu’invisible n’est est pas moins présent. Le rôle du manager est d’en comprendre la mécanique pour ajuster sa posture, ses messages, son attention. Parce qu’un simple mot peut parfois faire de grands dégâts.

Arrêtons de gérer les conflits, anticipons !

Comment gérer les conflits et les éviter ?
Comment gérer les conflits et les éviter ?
Repérer les mécanismes d’un conflit pour mieux le gérer et l’éviter.

Gérer les conflits est un sujet central. En effet, face aux situations mouvantes et complexes, les personnes à tous les niveaux vivent des émotions d’insatisfaction fortes qui ont des répercussions sur les relations, entre pairs, avec les collaborateurs et collaboratrices, avec les N+1, etc… La responsabilité d’un conflit peut dépendre de beaucoup de facteurs. Les managers et manageuses ont dans ces situations la responsabilité de repérer les changements de comportement ou les débordements et ainsi anticiper les conflits à venir. Voici quelques clés pour être dans l’anticipation et « stopper le mal à la racine » plutôt qu’avoir à avoir un dossier gestion de conflit trop prenant.

Comprendre le processus d’un conflit pour pouvoir mieux le gérer

Pour mieux appréhender à gérer les conflits, il faut comprendre que le conflit est le résultat d’une escalade, il apparait après plusieurs étapes qui sont les suivantes : 

  1. Tout d’abord, apparait un problème dans la relation avec une personne. Une situation qui diffère de ce que l’on attendait. (Exemple : je reviens de week-end et mon bureau est encombré par les affaires de mon/ma collègue).
  2. Le problème installe de l’incompréhension. La personne face au problème commence à élaborer des hypothèses, et une certaine tension peut apparaître (je pense que mon ou ma collègue le fait exprès et ne me respecte pas).
  3. Les protagonistes se parlent, la personne qui a le problème va aller à la recherche d’information pour affirmer ou infirmer son hypothèse. (Je vais voir mon/ma collègue pour lui demander des explications et il ou elle me dit que ce n’est pas grave et que ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat).
  4. Le désaccord est affirmé, chacun reste sur ses arguments. La situation est bloquée (je m’énerve, mon ou ma collègue rit, je me sens incompris.e et je monte le ton).
  5. Le conflit est ouvert. Personne ne cherche à coopérer, chacun reste sur sa position (la personne en face de moi monte également le ton et nous nous séparons fâché.es).

Ce qui fait la différence entre un problème et un conflit, c’est que le problème reste au niveau des faits. Il y a conflit dès que les opinions et les émotions associées entrent en jeu.

Ce qui veut dire qu’il faut intervenir le plus rapidement possible pour éviter cette escalade.

Quels sont les clés pour repérer un conflit à venir et éviter de gérer les conflits ?

Voici les points importants pour repérer et anticiper un conflit éventuel à venir afin de pouvoir l’anticiper et de ne plus perdre de temps à gérer les conflits.

1. Être dans l’observation

Les responsables ont notamment pour rôle d’avoir une vision à 360° au sein de leur équipe. Et donc de repérer tout ce qui pourrait se transformer en conflit. Cela peut être des mots, un ton de voix, des soupirs, des « yeux au ciel », de l’agitation, des événements inhabituels à priori sans conséquence. Cela peut aussi être deux personnes dont on entend qu’elles se parlent sur un ton qui n’est pas adapté, ou qui ne s’adressent plus la parole. Bref il est important d’observer tous les signaux faibles ou moins faibles qui nous alertent sur le fait que quelque chose est en train de se passer et/ou que la pression monte.

2. Être à l’écoute de ses propres émotions

Nous avons tous des intuitions. Lorsque quelque chose se passe, il est rare que nous ne ressentions rien. Lorsqu’un conflit éclate, nous nous disons rarement que nous n’avons rien vu venir. Il y a en principe et souvent eu des signaux envoyés avant. Et surtout, nous avons probablement eu un ressenti. Cela peut être un malaise, de la gêne, un doute ou simplement de l’incompréhension par rapport à ce qui se passe. 

Les émotions sont là aussi pour nous alerter sur une situation. Lorsqu’une émotion parait, nous avons deux options : Soit nous la mettons de côté ; soit nous l’accueillons et essayons de comprendre d’où elle vient et par quoi elle est apparue. Cela va nous permettre d’évaluer avec distance la situation, et d’intervenir avant que le conflit n’éclate. 

S’appuyer sur son ressenti est un levier puissant pour vérifier la teneur de la situation et surtout l’étape à laquelle se trouve le conflit éventuel.

3. Faire parler

Après avoir écouté ses émotions, l’étape suivante est d’échanger avec la ou les personnes, pour aller chercher leur propre ressenti, et aussi quel est leur besoin, comprendre ce qu’elles attendent. Il faut parler avec la personne, provoquer une rencontre et se rendre disponible ; Être dans l’écoute, reconnaitre ce qui est juste et remettre à sa place ce qui ne l’est pas en se basant sur des faits ; Et bien sûr mettre de côté son opinion de la situation pour rester neutre.

4. Détecter les motivations

Un changement de comportement raconte quelque chose. Il y a une demande, une attente un besoin non satisfait derrière un changement de comportement. Il y a une « motivation ». Il est donc important de laisser la place encore une fois à l’échange pour comprendre pourquoi la personne est dans cet état d’esprit, et ce qu’elle vise à travers ce changement de comportement, que ce soit conscient ou non. Et ainsi faire descendre la pression.

5. Recevoir une critique éventuelle

En tant que responsable, je dois être en mesure également de pouvoir entendre et recevoir une critique. Il ne s’agit pas de se laisser malmener, mais d’accepter d’entendre ce qu’une personne a besoin de me dire en ce qui concerne mon management ou mon comportement. La personne peut être déçue par une décision, ou en colère à cause d’un changement quelconque ou par une de mes réactions. Il est important que cette personne puisse l’exprimer, tant qu’elle reste respectueuse.

Pour que tout cela soit possible, il est important d’installer des relations de confiance et de favoriser un environnement de travail qui permettent de verbaliser les émotions et les besoins de chacun. L’authenticité associée au respect donneront les clés aux équipes pour prévenir elles-mêmes un grand nombre de conflits.C’est souvent parce que les managers essayent d’être gentils qu’ils provoquent – avec la meilleure intention du monde – des conflits. Intervenir à la base, dès l’apparition du problème, permet de se donner toutes les chances de rester dans des relations saines, authentiques qui permettent l’expression de chacun et ont comme conséquence d’anticiper les conflits.

Managers : Repérer et éviter le burnout de vos collaborateurs

All burned out

Les derniers chiffres font peur.

  • En France, plus de 3 millions de salariés sont menacés par le burn-out.
  • 2,2 millions de travailleurs dans le monde décèdent tous les ans dans le cadre de leur travail, à la suite d’un accident ou d’une maladie professionnelle, soit 5 000 personnes par jour ! quelle part est liée au stress ? pas facile à déterminer…

Tous les spécialistes s’accordent pour dire que ce constat serait dû en partie à l’organisation même du travail.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Et que doit faire un manager (ou ne pas faire ?) pour éviter cela ?

Regarder, écouter, lire entre les lignes, être attentif aux signaux faibles est essentiel pour repérer les comportements à risques ou les premiers symptômes.

Bref, s’intéresser à ses collaborateurs et prendre soin de ceux qui ne savent pas le faire eux-mêmes. Par exemple, tel collaborateur qui envoie des mails hors des heures de travail de façon répétée, tel autre qui travaille tous les weekends (Ils seraient 50% à le faire dans la population des cadres).

Trop travailler n’est bon ni pour le moral (cœur), ni pour le cerveau (tête), ni pour notre organisme (corps) !

CORPS : Parmi les signes « physiques » les plus précoces, repérer le collaborateur qui vous dit sans arrêt mal dormir car c’est un signe récurrent chez les futurs  « burnoutés » ; Bien sûr, les maux de dos, les migraines, malaises ou vertiges sont à surveiller de près. Repérer aussi les négligences vestimentaires, de maquillage de collaborateurs jusque-là plutôt coquets….

CŒUR : Les manifestations émotionnelles excessives sont aussi à surveiller : Découragement démesuré, idées sombres ou sentiment d’être harcelé alors que les faits prouvent que ce n’est pas le cas. Un collaborateur qui « rumine » depuis trop longtemps doit être géré pour son propre bien et pour celui de l’entreprise.  Attention particulièrement à ceux qui travaillent comme des fous et qui mettent trop d’émotionnel dans leur travail ; ils risquent d’être plein de rancœur tôt ou tard car ils attendent souvent des signes de reconnaissance énormes de l’entreprise ! Du cynisme affiché ouvertement doit vous alerter…

TÊTE : Le cerveau, s’il est trop sollicité sur une trop longue durée peut « surchauffer », au point de provoquer des troubles de concentration et des pertes de mémoire.

Concrètement, chaque manager doit repérer les comportements de chacun de ses collaborateurs. Bien sûr, selon les personnes, selon les situations, cela peut varier mais globalement on retrouve 4 catégories de comportements au travail.

Phase 1 : le plaisir au travail

Le salarié est satisfait, impliqué, il se sent engagé et se sent bien dans l’entreprise.

Phase 2 : le sur-engagement

Toujours très motivé, le collaborateur s’occupe moins de sa famille, de ses hobbies car il s’investit énormément dans son travail. Il travaille plus de 50 heures par semaine. Quand il est fatigué, il refoule cela et la minimise.

Phase 3 : l’acharnement frénétique

Il y a de moins en moins de plaisir au travail. Le collaborateur voit de plus en plus les contraintes. Il devient anxieux, a moins confiance en lui, il se met à critiquer sa direction, il peut avoir des problèmes relationnels avec certains collègues.

Phase 4: l’effondrement

Le collaborateur « craque ». Cela se voit physiquement… il est épuisé et ne prend plus soin de lui.

Savez-vous dire où se situe chacun de vos collaborateurs ?  

Marie-Paule Le Gall