
Les chefs étoilés excellent dans l’exécution : ils connaissent leurs produits, leurs gestes, leurs équipes. Cette rigueur est la condition de la performance. C’est un des fondamentaux de leur métier et de leur réussite. Mais la perfection technique ne suffit pas : pour rester au sommet, il faut se renouveler, se réinventer, surprendre. C’est là qu’entre en jeu la capacité à nourrir son imaginaire.
En cuisine, la créativité n’est pas un don tombé du ciel. Elle se cultive, se travaille, se provoque parfois — à condition de ne pas se laisser enfermer dans le quotidien.
Comme un chef étoilé qui maîtrise ses techniques avant d’oser de nouvelles associations, un manager a besoin que lui et son équipe soient solides sur leurs savoir-faire. Cette base sécurise, rassure et permet d’avancer. Mais la performance ne se joue pas uniquement dans l’excellence technique. Elle se nourrit aussi de l’ouverture : s’inspirer d’autres métiers, observer d’autres façons de travailler, écouter des points de vue inattendus… Sortir de sa bulle élargit la vision, stimule la créativité et ouvre la porte à des idées concrètes pour faire évoluer les pratiques au quotidien.
Bien souvent, les témoignages de chefs révèlent que leurs idées naissent rarement dans le bruit et la pression du service. Elles surgissent lors d’un voyage, d’une balade, d’un dîner entre amis, d’une exposition, d’un parfum ressenti.
Leur secret ? S’offrir des parenthèses, des moments de respiration hors du rythme quotidien.
Se détacher du pilotage opérationnel pour laisser place à la curiosité, à la rencontre, à la surprise. Pour les managers et les dirigeants, les sources d’inspiration sont tout aussi variées. Certains vont privilégier les rencontres et en profiter pour créer des décalages par rapport au quotidien. D’autres vont chercher des modes de fonctionnement disruptifs : comme les marches en mode « walk and talk » qui sont sources d’échanges riches ou les journées « vis ma vie » pour comprendre comment un autre département s’organise.
Dans beaucoup d’entreprises, plus on a d’ancienneté, plus le risque est grand de fonctionner en vase clos, sans exposition à de nouvelles idées ni à d’autres façons de penser. Or, les idées neuves viennent souvent de l’extérieur : d’autres secteurs, d’autres cultures, d’autres métiers. C’est une responsabilité du leader : aller chercher ailleurs de quoi nourrir son inspiration et celle de son équipe.
Sans regard extérieur, le risque est double : s’éloigner des attentes des collaborateurs et des clients, et passer à côté d’idées simples qui pourraient améliorer l’efficacité. S’ouvrir à ce qui se fait ailleurs, c’est éviter l’enfermement et garder une dynamique d’apprentissage continue.
Voici quelques pratiques que nous trouvons intéressante pour rester en alerte sur des méthodes de gestion, de management, de travail.
Participer à des groupes d’échanges entre pairs est une vraie ressource pour un manager. Conférences, tables rondes, rencontres thématiques… ces formats offrent un espace où dirigeants et managers partagent leurs problématiques, leurs essais, leurs erreurs et leurs solutions. En quelques heures, on capte des retours d’expérience utiles, on identifie des tendances et on découvre des approches concrètes déjà testées ailleurs. Cette veille nourrie par les pairs permet de prendre du recul, d’ajuster ses pratiques et de rester connecté aux évolutions du management.
On peut adhérer par exemple à des réseaux de managers ou de dirigeants comme Germe, APM (Association Progrès du Management) ou les CJD (Centre des Jeunes Dirigeants, un mouvement d’entrepreneurs engagés pour un leadership responsable).
Une Learning Expedition est une immersion apprenante dans d’autres entreprises ou écosystèmes pour découvrir d’autres façons de penser et d’agir.
Rejoindre une Learning Expedition offre à un manager une occasion précieuse de s’immerger dans d’autres environnements, d’autres cultures d’entreprise et d’autres façons de travailler. En découvrant de près des organisations innovantes, en échangeant avec leurs dirigeants et en observant leurs pratiques sur le terrain, le manager élargit sa vision et questionne ses propres repères. Cette prise de distance stimule la créativité, ouvre de nouvelles pistes d’action et permet de revenir avec des idées concrètes à tester. Une Learning Expedition, c’est un accélérateur de veille et d’inspiration qui nourrit durablement la pratique managériale.
Participer à des groupes de codéveloppement, à des formations ou à des coachings offre au manager un espace pour confronter ses pratiques et questionner ses réflexes. Ces démarches structurées permettent de bénéficier du regard d’autres professionnels, d’explorer de nouvelles pistes et d’enrichir sa façon d’aborder les situations du quotidien.
S’immerger dans d’autres métiers — artisans, restaurateurs, sportifs, chercheurs… — permet au manager d’observer leurs pratiques de l’intérieur et d’en tirer des sources d’inspiration utiles pour renouveler sa propre approche.
S’accorder du temps pour lire, écouter, voyager ou échanger n’est pas un confort superflu. Ces respirations nourrissent le regard, stimulent les idées et deviennent une vraie condition pour renouveler ses pratiques managériales.
Chaque chef sait à quel moment et dans quelles conditions il crée le mieux. Certains ont besoin de silence, d’autres de mouvement. De la même manière, chaque manager gagnerait à identifier ce qui nourrit sa créativité :
• Où naissent vos meilleures intuitions ?
• Qu’est-ce qui vous reconnecte à votre curiosité ?
• De quoi avez-vous besoin pour faire émerger des idées nouvelles ?
Reconnaître son propre processus créatif, c’est aussi reconnaître ses besoins fondamentaux : du temps, de la respiration, du recul.
Le management, comme la gastronomie, ne se renouvelle pas derrière un bureau. Les plus grandes idées naissent souvent loin des tableurs et des réunions.
Alors, la prochaine fois que vous sentirez votre inspiration faiblir, posez-vous la question :
• Quelle est ma prochaine respiration créative ?
• Où vais-je aller m’inspirer ?