Chez Inspirations Management, je m’occupe de la communication et du marketing, mon uniforme est souvent jean et basket à fleurs. Les consultants inspirés sont en animation chez nos clients et à ce titre ils adaptent leur tenue et sont souvent dans des tenues plus sobres. Pour autant, il y a longtemps que nous avons institué une règle interne selon laquelle nous allions éviter les vêtements trop stricts comme des costumes cravates ou les tailleurs pantalon bleu marine.
En effet, selon nos métiers et les environnements professionnels, la question des tenues vestimentaires peut plus ou moins se poser. Selon que le poste occupé est en contact ou non avec des clients, selon la typologie de ces clients comme dans le secteur du luxe ou de la restauration par exemple, nos collaborateurs vont être invités à suivre un code vestimentaire adapté.
Pour l’ensemble de la population, les codes vestimentaires ont fortement évolué vers un style décontracté assumé.
Une étude récente (Brightmine) de 2024 est claire : les entreprises appliquent de moins en moins de codes vestimentaires. Les tenues décontractées sont courantes.
Entre 2018 et 2024, la proportion d’organisations appliquant des codes vestimentaires via leurs contrats de travail est passée de 30 % à seulement 4,3 %. Plus de la moitié (55,8 %) proposent des clauses non contractuelles avec des indications sur la tenue vestimentaire, et 25,4 % ont des attentes informelles.
Les tenues décontractées sont désormais deux fois plus courantes dans les fonctions professionnelles, c’est le cas pour 21,6 % des employeurs en 2024, contre 12,1 % en 2018.
Et pour parler simplement, quand on est manager, on ne va plus écarter un candidat lors d’un recrutement selon le port d’une veste de costume versus un pull classique et discret, si le curriculum vitae est de qualité et que le savoir être de la personne convient, le manager n’hésite plus. La guerre des talents dans certains secteurs étant encore d’actualité, ces questions vestimentaires ne sont plus prioritaires.
Le style décontracté n’est plus réservé à une génération plutôt qu’une autre. Il est n’est pas plus identifié à des secteurs d’activité spécifiques. Il est partout.
Les entreprises ont dû s’adapter aux évolutions de la mode et de la société et adapter leurs règles internes. Il n’y a pas si longtemps, il était fréquent de voir une différence flagrante entre les tenues vestimentaires professionnelles de la semaine et celles du weekend. Puis est apparu le fameux « Friday Wear » qui a permis l’apparition de jeans et de baskets dans les bureaux le vendredi. Les entreprises ne s’y trompent pas, ces lâchers prises ont un impact sur la performance.
Certains collaborateurs ont des métiers ou des pratiques quotidiennes qui vont demander essentiellement de la concentration et… du confort. Au Royaume-Uni, 61 % des salariés disent être plus productifs dans leur entreprise lorsqu’un code vestimentaire décontracté est autorisé. (Sources Youmatter)
Prenons l’exemple des experts en codes informatiques qui tapent sur leur clavier tout au long de la journée face à plusieurs écrans sans avoir d’interactions régulières avec autrui. Il est compréhensible que leur tenue de travail soit libérée de toute contrainte afin de créer un bien être propice aux résultats et à la productivité.
L’essor du télétravail a aussi bouleversé les habitudes. Les visio conférences se sont enchainées, un certain relâchement au niveau vêtement s’est opéré et pourtant les télétravailleurs gardent un niveau d’investissement au travail qui est fort. Certains vont se sentir plus efficaces en … pyjama. Le confort et la liberté du vêtement développe les capacités cognitives.
Alors pourquoi la perception qu’on a des tenues vestimentaires n’a-t-elle pas évolué aussi vite ? Pourquoi beaucoup de collaborateurs font-ils toujours attention à leur tenue quand ils partent au bureau ?
Les chiffres ne mentent pas, les tenues décontractées se sont démocratisées. Pourtant, les collaborateurs continuent pour une large majorité à porter une attention forte à leurs choix vestimentaires. Deux dimensions rentrent en jeu : d’abord « l’habit ferait plus le moine » qu’on ne l’imagine, la perception des autres reste un point important et la tenue apporte encore aujourd’hui une crédibilité plus ou moins consciente.
Si les tenues vestimentaires moins strictes se sont largement généralisées, des études montrent que les vêtements continuent de renvoyer une image de soi-même et ont une incidence sur la vie et la carrière professionnelles.
Selon une Étude IFOP 2019 : 73 % des Français estiment que la tenue vestimentaire a une influence sur l’image professionnelle.
Votre tenue a un impact sur la première impression que l’on donne. Elle est le premier pilier de la crédibilité que vous allez dégager. La question n’est pas de savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Moi qui une fois encore porte des salopettes et des chemises à fleurs, mon rôle m’amène à travailler à des niveaux stratégiques pour mon entreprise. Et en même temps, il faut appréhender que la majorité des personnes ont des biais de comportement avec lesquels il faut jouer.
« Une étude de l’université de Yale a démontré que les personnes portant des vêtements formels étaient jugées plus compétentes et dignes de confiance que celles habillées de manière décontractée. » Actualitiz.fr+1France Magazine+1
Tout est dit. Il s’agit de savoir faire preuve d’intelligence situationnelle.
D’autres études montrent que le choix de vêtements va avoir une influence sur les comportements au bureau et sur les performances. On parle alors de enclothed cognition. La façon dont on va s’habiller va influencer la façon d’agir ou l’état d’esprit.
Plus encore, en s’habillant de façon plus formelle, nous changeons même notre perception de nous-même. Nous développons une vision plus autoritaire, plus forte, plus confiante. Comme une armure d’invincibilité. Les tenues vestimentaires auraient ainsi un impact sur la confiance en soi, sur le raisonnement et sur nos capacités relationnelles.
Finalement, le débat sur les contraintes vestimentaires n’est pas si évident. La question du dress-code dépasse les affaires de goûts et de couleur ou de règles implicites. Les enjeux sont réels. Le manager a un rôle à jouer sur les aspects vestimentaires car c’est une question d’image professionnelle, de cohérence collective qui potentiellement s’impose, et de représentation qu’on souhaite donner en externe. Tout en gardant en tête l’importance du maintien du bien être individuel.
Quand on est manager, on doit se poser plusieurs questions :
Ne pas prendre en compte les questions de conscience de soi, de perception des autres et de dynamique d’équipe quand il s’agit de vêtements serait faire fi d’une dimension managériale importante. Le manager joue là aussi un rôle d’exemplarité mais aussi de régulation. Il incarne une posture, un mode de communication, une façon de se parler, il doit également créer un cadre clair et cohérent qui sera source de motivation, d’inclusion et donc de performance.
Comme souvent c’est un équilibre subtil à trouver qui est plus important qu’il n’y parait. Entre affirmation de l’identité professionnelle et respect des libertés individuelles. Une forme de management par la posture, qui passe… aussi par les vêtements.